Intervention de Benjamin Coiffard le 10 avril 2024
Le Plan Local de l’Habitat (PLH) a été mis en débat par la Métropole de Grenoble le 9 février dernier.
Il a été voté.
Je l’ai voté.
Je l’ai voté parce c’est une réalité sur notre territoire, comme dans beaucoup d’autres en France : nous manquons de logements. Une des causes est simple : la décohabitation. En 50 ans nous sommes passé de 3 personnes par ménage à 2 personnes. La conséquence, c’est qu’aujourd’hui pour loger le même nombre d’habitants, il faut 30% de logements en plus.
C’est un phénomène de société. Il n’y a pas à être pour ou contre. Notre mandat d’élu, c’est de réagir en conséquence. En l’occurrence, il s’agit de d’impulser la construction de logements.
Un autre aspect important de ce PLH, c’est la prise en compte du logement social. La loi nous impose un taux d’équipement de 25%. A Saint-Egrève nous l’avons pratiquement atteint avec 23%. Mais au-delà de ce chiffre, il est nécessaire aussi d’apprécier la réalité du terrain. Et au regard de la durée trop longue des listes d’attente, nous devons à notre population de produire ces logements.
Ce PLH 2025-2030 présente les éléments d’étude permettant de construire 24 fiches actions détaillant les solutions portées par la Métropole. Ces actions se lisent comme un cadre général à atteindre, déclinés en objectifs par commune.
A la lecture des 437 pages, il y a quelques éléments qui interrogent, notamment les objectifs minimaux de construction pour Saint-Egrève, l’inscription des opérations de 100% de logements sociaux comme une bonne idée ou l’incrimination de la maison individuelle face à l’habitat collectif. Ces éléments auraient pu amener à voter contre ce PLH.
Mais voilà, l’enjeu de l’habitat nécessite d’avancer. C’est pourquoi, avec ces réserves, j’ai voté le PLH.
Ceci dit, le sujet qui est mis en débat ce soir à Saint-Egrève n’est pas le PLH, mais l’avis de la Ville sur ce document. Celui que vous proposez est argumenté, il nous est demandé de nous positionner dessus.
Sur plusieurs actions, vous émettez des remarques. Certaines avec lesquelles nous sommes en accord.
Nous partageons par exemple vos remarques sur l’action 2. L’augmentation induite du prix de vente des logements en accession renforce la précarité de nos concitoyens face à l’accès au logement, renchérissant de la sorte les demandes de logements sociaux.
Nous partageons également les remarques sur l’action 4. L’acquisition de logement dans le diffus est une solution de mixité qui a déjà fait ses preuves.
Concernant la fiche Saint-Egrève, vous soulignez la forte production de logements sur les années précédentes. La Ville a ainsi respecté les précédents objectifs et atteint presque le taux légal de la loi SRU. Avec ces résultats les objectifs du Plan 2025-2030 ont pu être réduits. Ils nous paraissent toujours un peu élevés. En effet, le foncier utilisé pour les précédentes opérations n’existe plus, l’objectif semble peu réaliste. A moins de modifier l’équilibre urbain de la commune, nous y reviendrons en conclusion.
Nous approuvons également votre remarque concernant l’identité urbanistique de Saint-Egrève. Tel que c’est écrit dans le document, il semble nécessaire de lutter contre l’habitat individuel. C’est nier la Ville telle qu’elle s’est construite et telle que ses habitants la connaissent et l’apprécient. C’est surtout une remarque inutile, au vu du foncier disponible et de la réalité des projets déposés.
Mais il y a également des éléments sur lesquels nous sommes en désaccord.
Pour commencer, nous ne partageons pas votre remarque sur la fiche action 1. Vous regrettez l’absence d’objectifs quantitatifs pour les petites communes. C’est méconnaître la réalité de ces territoires. Souvent en coteaux ou en montagne, la problématique n’est pas la volonté de faire. La superposition des plans de prévention des risques technologiques, naturels, de crus, d’inondation, … rend toute opérations foncières difficiles, voire impossibles. Inscrire des engagements irréalisables ne sert pas à grand-chose.
Mais surtout, vous demandez la prise en compte des évolutions débattues lors de la mise à jour n°2 du PLUI. A savoir l’imposition d’un minimum de 50% de logements sociaux sur certaines zones. Il est d’ailleurs étonnant que dans cette délibération très détaillée, ce chiffre n’apparaisse pas et soit uniquement cité par référence. Dans la droite ligne de ce que nous avions soutenus, nous ne croyons pas à la pérennité des opérations ne permettant pas une mixité sociale suffisante. Par ailleurs, s’il s’agit comme vous nous l’aviez dit, de rattraper plus rapidement le taux imposé par la loi SRU, ce point est en passe d’être reglé.
Vous évoquez aussi la volonté de la Ville de passer la part des PLAI à 40% sur l’ensemble de la commune. Encore une fois, augmenter ce taux ajoute une pression sur les prix de l’accession, empêchant de nombreux ménages à réaliser leur parcours immobilier. Cette proposition est d’ailleurs en contradiction avec votre remarque sur la fiche action 2.
Nous ne partageons pas cette politique d’urbanisation.
En conséquence, même si nous soutenons certaines de vos remarques, nous ne voterons pas cet avis.
En conclusion sur le PLH, il est important pour nous de rappeler le lien fort entre PLH et PLUi. Les objectifs dont nous débattons aujourd’hui sont à mettre en équilibre avec le plan d’urbanisme. S’il est nécessaire de construire des logements, il n’est pas question de le faire n’importe comment.
La déclinaison concrète de ce PLH se lit sur les projets d’urbanisme qui apparaissent sur la commune. En ce domaine un maître mot : équilibre. Equilibre entre le besoin de logement et la préservation de la qualité de vie des Saint-Egrévois.